Le 20 mars de chaque année est célébrée la journée internationale du bonheur, puisqu’à tout propos – et d’ailleurs parfois hors de propos- l’ONU décrète une journée de réflexion mondiale sur un sujet ou un thème donné.
C’est le cas du bonheur depuis sa résolution du 12 juillet 2012 par laquelle l’ONU décrit ce concept comme : « une croissance économique dans une optique plus large, plus équitable et plus équilibrée, qui favorise le développement durable, l’élimination de la pauvreté, ainsi que le bonheur et le bien-être de tous les peuples. »
Force est de constater que la définition ressortit plus de l’Avoir que de l’Être, ce qui peut interroger sur un plan purement psychanalytique.
Pour être juste toutefois, il faut souligner que chaque année, dans le rapport qu’elle fait sur cette journée, l’ONU semble s’extraire des contextes purement économiques ou politiques et notamment, dans son rapport de l’année passée (2022) observe que la pandémie du COVID a provoqué « une augmentation du soutien social et de la bienveillance » malgré les souffrances et douleurs qui en ont été la conséquence
directe.
Et puisque cette journée internationale est l’occasion de sensibiliser les pouvoirs publics des différentes nations sur l’état de bonheur de leur population, on se rend compte que la France se place au 23 ème rang mondial…alors que les pays du Nord de l’Europe remportent les cinq premières places !
Quel discours la psychanalyse peut-elle avoir à tenir sur cette journée du bonheur ?
En tout premier lieu, il faut observer que le terme de bonheur n’est pas vraiment un concept psychanalytique et il faut peut-être s’en étonner, car la recherche du bonheur est tout de même toujours en arrière fond de la plainte adressée à l’analyste dans toute consultation.
FREUD n’écrit pas sur le bonheur à proprement parler mais évoque seulement l’absence de souffrance et de déplaisir, et prenant le problème a contrario, la psychanalyse n’incline finalement qu’à lutter contre tout ce qui empêche d’accéder au bonheur, et donc, selon LACAN, à son propre désir.
Nul besoin de définir le bonheur dans ces conditions : le sujet en analyse ne pourra construire qu’un bonheur à sa mesure en se dégageant de ses angoisses (essentiellement d’ailleurs l’angoisse de castration) pour accéder à la réalisation de sa demande pulsionnelle.Car le bonheur, pour LACAN, « se refuse à qui ne renonce pas à la voie du désir » et pour être heureux, il ne faut pas avoir le désir d’être comme l’autre, mais plutôt de s’identifier à soi-même.N’essayons donc pas de trouver le bonheur dans le prêt-à-porter, mais apprenons (grâce à notre analyse personnelle) à devenir meilleur couturier pour le tailler sur
mesure !